Croissance française en 2016 : du mieux, vraiment ?

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 Croissance française en 2016 : du mieux, vraiment ?

L’Insee nous annonce de bonnes nouvelles pour le début 2016 : le PIB augmenterait de 0,4 % au premier trimestre, autant au deuxième. Si la croissance s’arrête au premier semestre, « l’acquis de croissance » serait alors de 1 % (soit autant qu’en 2015) et le taux de chômage (au sens du BIT), qui était remonté à 10,1 % fin 2015, repasse à 10 %. Bien… mais évidemment, si on analyse les chiffres, on comprend mieux ce qui se passe.

La reprise française vient entièrement de la demande interne et le commerce extérieur continue d’être négatif : les importations avancent plus que les exportations. Plus précisément, c’est la consommation des ménages qui joue un rôle essentiel, soutenue par leur pouvoir d’achat. Ce pouvoir d’achat qui a gagné 1,7 % en 2015, malgré un tel taux de chômage, vient pour un bon tiers de la baisse du prix du pétrole. L’indice des prix à la consommation a en effet été stable en 2015 (0 %) mais l’indice sous-jacent, hors pétrole, a augmenté de 0,5 %. Le reste du pouvoir d’achat est donc lié en bonne part à des phénomènes d’indexation.

La double bonne nouvelle de ce début 2016, c’est la reprise qui se poursuit de l’investissement des entreprises et l’arrêt de la crise du logement. Les politiques de soutien à l’investissement privé, par le CICE notamment, commencent à payer. Mais on voit l’écart qu’il y a avant de retrouver plus de compétitivité et plus d’exportation.

Au fond, la croissance de ce début 2016 vient pour une bonne part du pétrole, qui soutient la consommation et la profitabilité des entreprises, plus des réductions de charges. Ces réductions soutiennent à leur tour l’emploi peu qualifié, permettent des hausses de salaires, puis l’investissement – dans cet ordre. Mais pas encore l’exportation.

Pour avancer vraiment, il va falloir combiner emploi tout de suite et emploi demain. L’emploi tout de suite par l’apprentissage plus une vraie refonte de Pôle emploi avec un recours systématique à l’ordinateur, en attendant le code du travail promis pour… 2018. L’emploi demain et après-demain, avec enfin une croissance par l’export, grâce à une baisse des charges concentrée sur les hauts et moyens salaires – et bien plus de formation.