France : ce pays qui vend sa dette privée mieux que ses actifs

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 France : ce pays qui vend sa dette privée mieux que ses actifs

Etranges, ces derniers résultats de la Banque de France (Stat Info du 13 avril 2016) : « Au cours de l’année 2015, les non-résidents ont acheté 8 milliards d’euros de titres de dette et ont vendu des actions pour le même montant. » Ils détiennent ainsi actuellement 40 % des actions cotées sur la place de Paris, contre 41 % en 2014. Mieux même, les non-résidents ont financé l’Etat pour 12 milliards d’euros, sur un total de 50 milliards supplémentaires, mais surtout les entreprises, pour 15 milliards sur un total de 27. En revanche, ils sortent des établissements de crédit pour -33 milliards en 2015, contre -69 au total.

Explications : les non-résidents s’inquiètent à la fois du financement bancaire de l’économie (en fait de la rentabilité, sous pression, des banques) et de la valorisation des sociétés cotées, mais ils prennent du risque public, même s’il est peu rémunéré, et surtout du risque privé, pour lequel le ratio rendement-risque leur paraît satisfaisant. On comprend leur logique : d’abord la rentabilité des entreprises françaises est faible, même celle des plus grandes, ensuite la fiscalité qui pèse sur les actions n’arrange rien. L’impôt sur les Sociétés est ainsi de 38 % de leur résultat brut contre 30 % en Allemagne. Ajoutons une fiscalité plus forte sur les dividendes et nous avons un écart qui fait que le dividende net touché par un actionnaire allemand est de 51 % du résultat brut de la société contre 41 % dans le cas français. Mieux vaut alors, se disent les non-résidents, asiatiques et notamment japonais, acheter la dette publique française. Elle est jugée sûre et, en toute hypothèse, bien mieux payée que la dette japonaise !

Mais on mesure les risques que met en avant une telle attitude des non-résidents : extérieurs au pays, ils le jugent sans aménité, et s’inquiètent de la rentabilité trop faible de ces entreprises. Préférer la dette publique aux actions n’est donc pas un signe positif. A poursuivre dans cette voie, nous risquons d’entrer dans une spirale vicieuse : rendements trop faibles donc valorisation trop faible donc endettement croissant du privé et du public. Evidemment, ceci ne pourra pas durer longtemps.