Pourquoi ce krach boursier ?

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Quels lendemains de fêtes ! La bourse de Paris perd près de 10 % en ce début janvier, tout comme le S&P américain. On a connu mieux ! Cette (mauvaise) surprise boursière est d’autant plus forte que l'activité économique n'est pas si mal orientée aux États-Unis et en Europe. Ce qui inquiète, c'est ce qui se passe ailleurs, en Chine et chez les autres émergents et, avec la baisse des prix du pétrole, ce qui se passe chez les producteurs, en particulier Arabie saoudite et Iran.

 Pourquoi ce krach boursier ?

Mais les échanges avec ces pays sont moins importants pour nous que nos échanges internes ou entre nous ! Mais ces baisses de prix chinoises soutiennent notre pouvoir d’achat, et plus encore le pétrole à bas prix ! Alors, comment comprendre ces inquiétudes ? Sommes-nous abusivement anxieux devant ces nouvelles, qui ont aussi leurs bons côtés ? Ou bien sommes-nous déroutés par cette double inconnue, chinoise et pétrolière, maintenant que Janet Yellen, la Présidente de la banque centrale américaine qui nous avait pilotés tout au long de 2015, se fait plus lointaine ?

Avant de sombrer, regardons ce qui se passe. De fait, l’économie mondiale ralentit sous le poids des pays émergents en difficulté, notamment les exportateurs de matières premières en récession. Mais cette faiblesse mondiale est pour l’heure moindre que celle de 2011-2012 et n’a rien à voir avec 2008.

Aux États-Unis, la consommation des ménages continue d’avancer, assez bien même. Bien sûr, il y a leur récession industrielle. Mais elle vient de la concurrence mondiale et du dollar fort, en plus de ce qui se passe chez les émergents et les pétroliers – qui coupent leurs dépenses. Les Etats-Unis avancent par la consommation, avec un moral des ménages solide et des revenus réels qui montent, pas par le manufacturier. Ainsi, l’économie américaine devrait continuer à croître, même plus lentement.

En zone euro aussi, l’activité économique progresse, tant du point de vue de la demande que de celui de la production. Certes, les consommateurs européens sont encore inquiets, bien plus que les américains. Mais la baisse des prix du pétrole et des taux d’intérêt, ici comme aux Etats-Unis, vont jouer positivement, quoique lentement.

Et si on fait entrer Janet Yellen et Mario Draghi, autrement dit les politiques monétaires américaines et européennes, elles vont aussi dans le sens de l’apaisement. Mario a commencé ce jeudi 21 janvier, Janet continue la semaine qui vient. Et la bourse aime !

De fait, les États-Unis ont attaqué l’année en annonçant le maximum de hausses de taux possibles, 4. Les marchés vont demander moins, et les auront : autant de bonnes nouvelles. Mario Draghi va (au moins) acheter plus longtemps des bons du trésor, peut-être plus chaque mois et baisser ses taux (déjà négatifs) pour pousser à la dépense. Le Royaume-Uni va attendre, pour éviter le Brexit. Les pays industrialisés résistent, avec une demande soutenue et des politiques monétaires très accommodantes.

Mais c’est vrai que la Chine inquiète. Nul ne connaît exactement sa croissance. Pour autant, 6,9 % pour 2015 est un « ralentissement », pas une chute. En parallèle, l’engagement des autorités publiques à soutenir l’activité pour permettre la mutation se renforce. On le voit avec leur politique monétaire (très) accommodante en interne, tandis que le Yuan affaibli va aider les exportations. La Chine, plus encore, est devenue le « soutien de famille » des BRICS. Elle va jouer son rôle d’acheteur et de financeur par rapport à la Russie, au Brésil et à l’Afrique du Sud, même si c’est plus compliqué qu’avant pour elle. Et sera d’autant plus apprécié !

Mais c’est vrai que la guerre du prix du pétrole inquiète, entre Arabie saoudite et Iran. L’Arabie saoudite ne pourra jouer longtemps la baisse des prix : elle l’affaiblit beaucoup. Et l’Iran va vite investir les premiers 30 milliards de dollars qui viennent de se débloquer.

Surtout, les marchés financiers commencent à relier ces deux « surprises », Chine et pétrole. Si la Chine se stabilise, et elle commence enfin à en parler à Davos (!), alors le pétrole pourra remonter. Alors les autres iront mieux. Au lieu d’être une double course à l’abîme sino-pétrolière, les conditions vont se réunir pour trouver un point bas, et remonter. Alors, les inquiétudes, devenues « excessives », se corrigeront.

Alors les marchés financiers vont regarder de plus près ce qui se passe en zone euro (pas si mal) et aux États-Unis (mieux encore). Alors, on aura eu chaud. Bonne année !