Reprise économique en France contre terrorisme et grèves : qui va gagner ?

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 Reprise économique en France contre terrorisme et grèves : qui va gagner ?

Nous vivons en France un étrange et terrible paradoxe. D’un côté, la situation économique s’améliore. Les entrepreneurs sont plus confiants. Ils embauchent. Tout récemment, le moral des ménages vient de s’améliorer. Non pas tant du fait que l’inflation est basse, mais parce que l’emploi s’améliore. La baisse du chômage entre dans les esprits, ce qui change les comportements. Voilà les Français plus confiants dans le futur et décidant ainsi de faire plus d’achats importants.

Mais, en même temps, nous avons de plus en plus d’inquiétudes sur le terrorisme, sa diffusion et sa permanence. S’ajoutent à cela les tensions sociales, omniprésentes et souvent violentes. Il s’agit de Nuit debout, avec un certain malaise dans la jeunesse sur le devenir de la Société. Mais, plus profondément, il s’agit des grèves suite au projet de la loi El Khomri. Il n’est pas accepté, loin s’en faut, par les syndicats, CGT et FO surtout – tandis qu’une majorité de Français ne sont pas plus d’accord avec le gouvernement.

Quels seront les effets cumulés et durables de ces menaces terroristes, tensions sociales, grèves et manifestations sur la reprise économique ? On nous dit que tout ceci sera ponctuel, de l’ordre de 0,1 à 0,2 % de croissance, bref imperceptible. Mais ceci n’est vrai que si la croissance est assez forte pour continuer. Plus encore, ceci n’est vrai que si le moral des ménages et, surtout, celui des entrepreneurs n’est pas affecté.

On sait qu’un attentat a un effet très négatif immédiat sur la consommation, mais il se résorbe assez vite. Ça n’est que s’il y a un, deux, trois attentats successifs que l’état d’esprit change et que nous passons d’un choc à une nouvelle configuration. Il y a alors moins de touristes, de nuits d’hôtels, de vacances, de services, de restauration… C’est l’importance et la permanence du « problème » qui sont en jeu, puis leur diminution dans le temps. Mais on voit actuellement un effet rémanent des drames passés.

Vient la loi El Khomri. A court terme, elle renforce la vision négative extérieure sur la France. La question va être de la solution qui va être trouvée par les autorités pour apaiser le conflit, avant l’Euro de football.

Plus profondément, quel va être l’effet de cette loi sur les comportements des entreprises en matière d’investissements et d’embauches ? C’est toute la question. En effet, derrière ces tensions, il y a la façon dont les entrepreneurs pourront s’adapter à une conjoncture plus difficile et plus instable. Aujourd’hui, pour bénéficier de la reprise économique qui s’amorce en zone euro, il faut être plus souple et agile qu’auparavant, autrement dit plus proche du terrain. Si la loi ne le permet pas, la reprise sera d’autant plus faible. « L’inversion des normes », autrement dit la proximité de l’adaptation sociale au terrain, arrive au bon moment si elle est acceptée. Elle permettra de profiter de cette reprise, fragile et différenciée entre activités, en particulier dans les services. Autrement, les entrepreneurs auront vite fait de réagir : investir seulement pour maintenir l’outil de production, s’étendre ailleurs, importer plus. Alors, « ça n’ira plus mieux ».