Savez-vous lire dans le marc de pétrole ?

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 Savez-vous lire dans le marc de pétrole ?

Pas facile, mais essayons quand même ! On le sait : il y a toujours plus de pétrole dans cette économie mondiale qui ralentit, sans trop savoir de combien et pendant combien de temps. N’empêche : Arabie saoudite, Iran, Russie… pompent plus, ce qui devrait (encore) faire baisser les prix du pétrole. Mais, comme il est difficile de mesurer sur place les niveaux de production, les marchés regardent les stocks… américains. C’est en effet plus simple. Alors, plus de stocks US – c’est mauvais ; moins de stocks US – ça repart.

Mais plus de stocks US, si l’activité continue d’avancer aux Etats-Unis et surtout si les prix des futures du pétrole (prix à terme) remontent, parce que les nouvelles de Chine, le deuxième consommateur après les Etats-Unis, sont meilleures, c’est différent. Alors, il devient rationnel de stocker ! Les prix baissent aujourd’hui, d’accord, mais pas forcément ceux d’après-demain. Cette baisse n’est plus le signe d’un ralentissement, seulement d’un retard d’ajustement. Ceci jusqu’au moment où la production montera vraiment plus, partout et vite. On n’y est pas.

Mais si les stocks baissent, et les prix avec, comme maintenant, ce peut aussi être différent. Le roi d’Arabie saoudite (son jeune fils n’étant pas loin) vient, dimanche dernier, de changer le gouverneur de la banque centrale (Saudi Arabian Monetary Agency) et surtout le ministre du pétrole. Ce sera Khalid Al-Falhi, le patron de l’Aramco, le monopole pétrolier du royaume. L’ « après-pétrole » de l’Arabie saoudite avance, avec la mise en bourse prévue de 5 % d’Aramco pour le financer. En même temps, la bataille des parts de marché avec l’Iran continue. Donc (a priori) c’est la poursuite de la baisse des prix, pour affaiblir l’adversaire – quitte à souffrir soi-même et à puiser dans les fonds souverains. Et on commence à entendre que l’Iran, ayant retrouvé un niveau de production satisfaisant, serait prêt à discuter. Donc cette baisse des prix, en attendant un accord de stabilisation avec l’Iran (quand ?), puis 2030, date officielle où l’après-pétrole saoudien ferait sentir ses premiers effets, c’est aussi une façon de fermer partout des puits, donc de faire remonter les prix plus tard !

Moralité : plus de stocks, c’est peut-être bon ; moins de stock, c’est bon aussi, mais plus tard ! Pas facile de lire dans le brut !