L’explosion des liquidités

- Ecrit par

 L’explosion des liquidités

Quand l’argent ne rapporte plus rien, autant le garder en billets et en compte courant. Avec la baisse des taux d’intérêt et de l’inflation, la progression des liquidités explose partout dans le monde. En zone euro, la masse monétaire M1 (billets et pièces, plus dépôts à vue) progresse ainsi de 7,8 % sur un an en décembre 2014 et de 5,5 % pour M2, en incluant les dépôts à vue. Dit autrement, les dépôts à vue y ont baissé de 2,6 % sur l’année (M2-M1) ! On retrouve partout ces mêmes comportements. Au Royaume-Uni, les billets et monnaies en circulation grimpent de 5,6 % tandis que M4 (agrégat large de monnaie) baisse de 1,1 sur l’année 2014. Aux Etats-Unis M1 progresse de 9,5 % et M2 de 5,8 % sur la même période, au Japon c’est la même chose : + 4,7 % pour M1 et + 2.9 % pour M3 (agrégat monétaire plus large, incluant M1 plus des actifs moins liquides).

Immobiliser de l’argent ? Mais pourquoi donc ! De fait, dans la seule zone euro, M1 représente ainsi 5 900 milliards d’euros (956 milliards de billets en novembre 2014 et 4 858 milliards de dépôts à vue). A ceci s’ajoutent 3 757 milliards de dépôts à terme. Tandis que M1 progresse d’environ 7 % sur la période, c’est effectivement la baisse continue des dépôts à plus de deux ans (environ – 4,5 %) qui explique la baisse de M2-M1. M3-M2, après avoir fortement chuté en 2012 et 2013, est seulement en train de se stabiliser. Une sorte de plancher ?

Qui détient cet argent, de plus en plus liquide ? Les ménages. Sur les 10 000 milliards de monnaie et quasi-monnaie en zone euro, ils en ont en effet plus de la moitié, 54,2 % exactement, les entreprises 17,8 % et les institutions bancaires et financières un peu plus de 10 %, les entités publiques le solde. Le plus vraisemblable est donc que cette explosion de liquidités va se poursuivre, alimentée par le Quantitative easing de la BCE. Ceci devrait fournir la base de la reprise du crédit – par la baisse des taux et la garantie de liquidité, et commencer par inverser sa contraction : 4 270 milliards d’euros de crédit aux entreprises (- 1,6 % sur un an en novembre) et 5 194 milliards d’euros de crédit aux ménages (-1,3 % sur un an). C’est toute la stratégie de Mario Draghi.