Chine, dollar, pétrole, bourse : les 4 dangers Trump

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 Chine, dollar, pétrole, bourse : les 4 dangers Trump

 

Chine : Taïwan pour un plat de lentilles ?

« Je comprends parfaitement la politique de la « Chine unique », mais je ne vois pas pourquoi nous devrions être tenus à une politique de « Chine unique » à moins que nous ne concluions un accord avec la Chine sur d’autres sujets, dont le commerce » dit Donald Trump sur Fox. Rien n’est plus grave que confondre géopolitique et business ! Le principe de « Chine unique » concerne le très long terme, seul horizon qui importe à la Chine. Il permet, entretemps, de développer des liens commerciaux entre Chine et Etats-Unis et entre Chine et Taiwan, cette dernière devenant de plus en plus dépendante de son voisin. C’est le jeu de go chinois, aux USA de le contrer.

En revanche, dire que le deal doit être rééquilibré en fonction du commerce envoie un terrible message aux alliés des Etats-Unis : non plus celui d’une one China policy, mais d’une business only policy. La Chine ne va pas se lancer dans une surenchère : il suffit qu’elle montre que les Etats-Unis n’obéissent qu’à leurs intérêts immédiats.

 

Dollar : superstar ?

La politique de Donald Trump fait monter le dollar contre toutes les monnaies : plus de 1% sur l’année, plus de 5% depuis août-septembre, où des inquiétudes revenaient sur la situation économique américaine. Il y a un an, pour un dollar, on avait 1,1 euro, aujourd’hui c’est 1,04. Bientôt, ce sera la parité : l’euro aura perdu 10% par rapport au dollar. La livre sterling a perdu plus de 15% avec le Brexit et ne remonte pas. Le Yen a perdu près de 10% depuis l’élection de Donald Trump, qui a aussi causé la chute du péso mexicain sans aider le réal brésilien ou le peso argentin.

Partout, l’idée gagne que la reprise américaine va s’accélérer. Donald Trump va étaler sa politique sur trois ans : 2017, soutien à l’investissement par la baisse de l’impôt sur les sociétés et sur les hauts revenus, 2018, soutien aux grands travaux, 2019, soutien à la consommation et à l’investissement par l’assouplissement des règles bancaires (Dodd-Frank Act). Comme le point de départ de tout cela est le plein emploi, les salaires et les prix vont encore monter, donc les taux courts et longs. La banque centrale américaine ne pourra donc que monter ses taux, même si elle prend son temps.

Alors, les taux américains seront les plus hauts des économies industrialisées. Déjà, ceux à deux ans sont à 1,4% et les longs à 2,6% contre -0,7 et 0,4 pour l’Allemagne. C’est un écart de 2,2% pour les rendements à 10 ans contre 1,7% avant les élections. Il va augmenter, au bénéfice des taux américains, donc du dollar. La croissance va-t-elle tenir ? Une récession précoce n’est-elle pas prévisible, devant des risques de surchauffe ?

 

Pétrole : le faire chuter ?

L’OPEP a déployé des trésors de diplomatie pour obtenir que ses membres, plus d’autres pays producteurs, s’engagent à réduire leur production totale à 32,5 millions de barils par jour grâce à une baisse de 1,2 million de barils/jour venant surtout d’Arabie Saoudite (-485 000 b/j), d’Irak (-210 000 b/j), des Emirats Arabes Unis (-139 000 b/j) et, hors OPEP, de Russie (-300 000 b/j).

Mais, dans sa campagne, Donald Trump a souhaité que les Etats-Unis ne soient plus dépendants de l’OPEP, grâce au pétrole de schiste. La remontée des prix du pétrole fait ainsi remonter les forages rentables. En plus, Donald Trump vient de nommer comme Secrétaire d’Etat Rex Tillerson, le PDG d’ExxonMobil, plus Scott Pruitt, un « climatosceptique », à l’Agence de protection de l’environnement et enfin, comme Secrétaire à l’énergie, Rick Perry, ancien gouverneur de l’état pétrolier du Texas ! Alors, si l’OPEP et ses alliés diminuent leur production, les Etats-Unis seront tentés d’en profiter. Les prix vont rebaisser et l’OPEP ne pas aimer.

 

Bourse : après la bulle, le burst ?

La bourse adore Donald Trump : rêver de 4% de croissance et voilà le Dow Jones qui dépasse 20000 points. Mieux encore, les politiques fiscales (et les menaces) poussent les grandes entreprises (dont Apple) à rapatrier leurs avoirs, pour racheter leurs actions. Plus de croissance et moins de titres, la bulle va enfler, en attendant 2019 où la croissance pourrait ralentir et les taux continuer à monter. On connaît l’histoire, sauf qu’elle sera pire : la hausse du dollar aura fait souffrir les pays émergents, sa chute ne les aidera pas et l’euro ne va pas en profiter.

 

La Trumpeconomie risque de mal finir, après un début en fanfare. Nous devrions cesser de la trouver fun.