Le côté obscur du Brexit

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Assez étrangement, nous présentons le Brexit sous un jour plutôt favorable au Royaume-Uni et plus compliqué pour nous. C’est inexact. Certes, le Royaume-Uni n’a pas explosé et son économie ne s’est pas effondrée. Il surfe en fait sur les avantages de la dévaluation et sur une politique monétaire de sa Banque centrale plus « politique » que jamais. Mais ses avantages se réduisent et les limites apparaissent.

 

Regardons les faits : la dévaluation de 15% de la livre sterling a permis un soutien à la croissance par l’export, tandis qu’elle a permis aussi aux investisseurs étrangers de faire de belles affaires en bourse. Depuis, la croissance se tasse : elle est de 0,3% au premier trimestre 2017, la moitié d’avant. Depuis, l’inflation monte (vers 2,3%). La confiance des ménages est à son plus bas niveau depuis juillet dernier. Selon le Times du jeudi 27 avril, 45% des électeurs considèrent désormais le Brexit comme une erreur, contre 43% qui sont de l’opinion contraire. C’est aussi la première fois depuis le Référendum que les inquiets sont plus nombreux. 39% se disent convaincus que le Royaume-Uni se portera plus mal une fois sorti de l’UE (28%, mieux) et 36% estiment que leur pays aura moins d’influence dans le monde (19%, plus). Jamais, depuis le Référendum du 23 juin dernier, les pessimistes n’avaient été aussi nombreux ni, surtout, majoritaires.

La Banque d’Angleterre joue un rôle décisif dans tout ce processus. Elle ne monte pas ses taux courts et a annoncé qu’elle attendrait. Elle entretient ainsi l’activité par la baisse des salaires réels d’un côté, pour consolider les marges, tandis que, d’un autre côté, la consommation résiste, les ménages anglais compensant la baisse de leur revenu réel par la baisse de leur taux d’épargne et la montée de leur endettement. Miracle, les taux longs ne montent pas, comme si la hausse des prix était à son plus haut. Chapeau la Banque d’Angleterre !