La courbe du chômage s’inverse en France

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 La courbe du chômage s’inverse en France

L’INSEE vient de nous le dire : le taux de chômage au sens du BIT s’installe à 9,9 % de la population active en France métropolitaine. Ce taux a baissé de 0,1 % sur un an et concerne désormais 2,8 millions de français. Ce chiffre est important dans la mesure où c’est une bonne nouvelle, sûre. Les statistiques du BIT sont en effet les seules reconnues internationalement. Elles ont techniquement peu à voir avec les statistiques établies chaque mois par Pôle Emploi, qui concernent le nombre d’inscrits à ses guichets. Les dernières en date sont certes favorables : 19 900 demandeurs d’emploi de catégorie A en moins en avril. Cependant, la mesure de Pôle Emploi est automatique, avec les bugs que l’on a pu voir et surtout les incertitudes qui l’entourent, certains chômeurs ayant trouvé un emploi mais pas averti Pôle Emploi et, symétriquement, des chômeurs ayant oublié de s’inscrire ou ayant été momentanément radiés, avant d’être réintégrés. Donc, le chômage au sens du BIT est le plus stable et le plus sûr.

Et pourtant, il s’agit d’un travail d’enquête, pas d’une mesure automatique de nombre d’inscrits. L’enquête est effectuée auprès de 65 000 ménages en France métropolitaine, soit un échantillon de répondants de 100 000 personnes de 15 ans et plus (pour compléter l’analyse aux départements d’Outre-Mer, une autre enquête s’effectue et concerne 7 000 ménages).

Pour être chômeur au sens du BIT, il faut : ne pas avoir travaillé (ne serait-ce qu’une heure au cours de la semaine passée), être disponible pour travailler dans les deux semaines qui viennent, avoir entrepris des démarches de recherche d’emploi au cours du mois précédent ou bien avoir trouvé un emploi qui commence dans les trois semaines qui viennent. Au fond, un chômeur au sens du BIT n’a pas d’emploi, est libre et cherche activement.

« Halo autour du chômage » : c’est une autre notion importante pour comprendre ce qui se passe en France. Ce sont des personnes qui cherchent un emploi, mais qui ne sont pas immédiatement disponibles. En France métropolitaine à la fin du premier trimestre 2016, ce Halo concerne 1,4 millions de personnes. Il augmente de 39 000 personnes par rapport au trimestre précédent : c’est sans doute aussi une bonne nouvelle, indiquant que plus de personnes se mettent à chercher un emploi.

Ces deux bonnes nouvelles correspondent à l’amélioration économique que l’on mesure depuis plusieurs trimestres désormais, avec des entreprises qui se remettent à embaucher. Comme toujours, il y a un décalage entre la situation économique, les nouvelles embauches et la réduction du chômage. On peut considérer qu’il est de l’ordre de un an. Sauf catastrophe donc, la croissance économique continue à avancer en France, avec plus de nouvelles embauches et une réduction du nombre de « chômeurs de première catégorie ». L’expression est terriblement technocratique, mais correspond aux chômeurs qui sont en fait les plus poches d’un retour possible à l’emploi. Ensuite, il s’agira de savoir si la reprise est suffisamment puissante pour continuer et, surtout, les réformes suffisantes. Avec ce qui se passe actuellement, c’est toute la question.