Emmanuel appelle Donald

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 Emmanuel appelle Donald

Emmanuel Macron : Cher Donald, merci de me prendre au téléphone. Je voulais vous dire que je suis un peu surpris, voire vexé, de votre décision de quitter l’Accord de Paris sur le climat. Je croyais vous avoir convaincu à Taormina sur un point : si le terrorisme est the risque majeur, le réchauffement climatique va y ajouter des sécheresses graves, donc des migrations climatiques et des crises terroristes de plus grande ampleur encore.

Donald Trump : Mais vous m’avez convaincu, Cher Emmanuel ! Simplement, je l’ai dit : j’ai mis Pittsburgh avant Paris, et Pittsburgh est plus loin des migrations africaines que Paris. Je m’occupe de mes électeurs dans les deux ans qui viennent, moins du monde en 2100. Et comme je l’ai dit aussi, je suis prêt à revoir ma position, mais c’est vous qui devrez faire plus d’efforts, car le risque migratoire est surtout pour vous.

EM : Avouez que vous prenez des risques, même à court terme, pour votre leadership, si vous ne protégez pas vos alliés. La Chine va occuper le vide que vous créez.

DT : Je comprends, et même votre menace voilée. Mais je ne peux pas vous protéger, avec l’Otan, si vous ne faites rien pour vous. L’Otan a 6900 tanks, l’Allemagne 300 et vous 200. L’Otan a 1900 avions de combat, l’Allemagne 120 et vous 270. Vous ne payez pas assez pour votre protection et vous ne vous protégez pas assez. Le Luxembourg n’a presque pas de dette et ne fait rien, sauf attirer votre épargne, et je viens d’apprendre que l’Autriche est neutre !

EM : On ne peut comparer le risque climatique au risque militaire. Le risque climatique est diffus et vous êtes le premier pollueur de la planète, en raisonnant par tête bien sûr. Si nous ne faisons rien, nous serons tous en crise, vous peut-être après nous, mais de peu. C’est une course à l’abîme !

DT : Je ne compare pas les deux risques, je les ajoute – et c’est même vous qui m’avez dit de le faire ! Ensuite, je suis bien d’accord qu’il vaut mieux prévenir que guérir – mais c’est vous qui êtes plus exposé que moi, en Europe. L’Empire américain existe, et je veux même le renforcer pour son économie et pour ses armes, donc il ne sert à rien de l’épuiser. Nous sommes l’Empire, pas des mercenaires et moins encore des assistantes sociales !

EM : Mais la Russie et la Chine vont en profiter !

DT : La Russie est fragile. Poutine me l’a fait comprendre, et ma politique qui fait baisser le prix du pétrole par l’exportation massive – je dis massive, de mon pétrole de schiste, ne va pas l’arranger. Quant à la Chine, c’est un autre Empire, mais despotique. Bonne chance, si vous voulez discuter avec elle, avec ses patrons et avec ses tribunaux ! Et en économie, cet Empire chinois va arrêter de croître aussi vite par l’export – je le bloque, et par la manipulation de sa monnaie à la baisse – je la bloque aussi. Il avance donc par du crédit interne, fait à des entreprises publiques pourries et pour des logements dont les prix deviennent fous. Bonne chance à eux deux !

EM : Mais c’est machiavélique !

DT : Même pas. Je ne suis peut-être pas très subtil – vous me le faites remarquer dans vos chaînes de fake informations, mais il ne faut pas me prendre pour un idiot. C’est toujours moi qui ai plus de bombes et de fusées, même si je parle plus du charbon. Je ne crois qu’au rapport de forces et je veux le renforcer, pas l’épuiser en soignant chez moi des malades qui n’en sont pas, en payant des chômeurs qui ne veulent pas travailler, en recevant les étrangers qui veulent nous détruire ou en protégeant des alliés, comme vous, qui ne font aucun effort. Le tout en m’endettant auprès de l’Arabie saoudite, qui peine, et de la Chine, qui veut me coincer !

EM : Make America great again c’est donc pour nous Make Europe great again ?

DT : Bien sûr ! Vous êtes, Européens, nos principaux alliés. En plus, vous vivez au milieu des risques militaires, sociaux, climatiques et religieux les plus importants du monde. Mais vous discutez surtout inflation et déficit budgétaire entre vous, tout en me donnant des leçons de stratégie et d’économie ! Moi je sais une chose : quand on est faible, les amis vous lâchent. Si l’Amérique est faible, alors nous avons tous tout perdu !

EM : Au fond, en vous éloignant, vous nous aidez !

DT : Bien sûr : à vous de vous renforcer et de traiter comme il faut le terrorisme islamique et le réchauffement africain. C’est chez vous.

EM : Je dois vous remercier ? Vous jouez avec le feu !

DT : Pas un jeu, pas le choix, jeune homme !

EM : J’appelle Angela !