Emmanuel Macron chez Sigmund Freud

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 Emmanuel Macron chez Sigmund Freud

Gouvernement français (CC BY-SA 3.0 FR)

 

Emmanuel Macron : Bonsoir Docteur !

Sigmund Freud : Bonsoir Monsieur Macron, que me vaut l’honneur ?

EM : Voyons, tout l’honneur est pour moi ! C’est une consultation pour savoir si ce que disent, à mon sujet, certains médias et nombre d’ennemis est vrai – et comment y réagir.

SF : Et que disent-ils donc ?

EM : Que je suis le Brutus d’Hollande, que j’ai perpétré le meurtre du père…

SF : Je vois, mais par rapport à Hollande, vous n’êtes pas seul à être traité de Brutus, à supposer d’abord qu’il n’ait pas voulu se supprimer lui-même, pour culpabiliser ses « fils »…

EM : Je n’y avais pas songé : la politique est plus perverse encore que la psychanalyse !

SF : Cela dépend des politiques. Surtout, il faut penser à l’essentiel et vous débarrasser de votre culpabilité, autrement « les autres » auront gagné !

EM : C’est pour cette raison que je suis ici.

SF : Selon moi, la France est malade « dans son imaginaire », dans son surmoi. Elle ne sait plus où ni qui elle est. Elle se rêve apportant toujours ses « Lumières » au monde, alors qu’elle creuse sa dette et dépend des Chinois, Japonais et maintenant de Draghi pour boucler ses fins de mois. Et je crois comprendre que ce dernier va cesser ses achats, ou du moins les réduire, en fin d’année – mais personne n’en parle !

EM : Je le sais et m’en inquiète, sans jamais le dire : ce serait ma perte. Du Fillon ! Je veux plus d’enseignants et moins d’impôts et n’ai pas dit comment tout ceci allait boucler. Mais Hamon veut dépenser 300 milliards avec son revenu universel, Montebourg 1000 milliards de dettes européennes pour l’innovation et beaucoup veulent sortir des limites « insupportables » du déficit budgétaire. Et tous veulent plus d’Europe et plus de rapprochement avec l’Allemagne ! Il y a ailleurs plus de déni de réalité que chez moi.

SF : Je sais : rappel d’un passé glorieux, refus des chiffres, évocation des monstres (Poutine, Assad) et des risques (Trump) sans compter les peurs internes (extrême droite et « Fillon le brutal »), tout est en place pour refouler la réalité. 5 ans ?

EM : Mais le « retour du refoulé » va arriver ! C’est la crise financière !

SF : Vous voyez ce divan sur lequel vous êtes allongé : on ne peut se guérir sans se connaître. Or la France s’y refuse. Elle se rêve en terre d’accueil alors qu’elle a reçu 5000 migrants avec difficulté et qu’elle est une voie de transit vers l’Angleterre, aujourd’hui fermée. Elle se dit terre d’innovations, mais en allant à Las Vegas et en Californie ; et terre de mathématiciens, qui vont faire de la finance à la City une fois diplômés.

EM : Mais qu’est-ce donc qui nous arrive ?

SF : Pour moi, l’Etat est la mère et le déficit budgétaire son lait. Le déficit en hausse, c’est une façon de se rapprocher d’elle et du giron allemand, face à ces grandes puissances et à ces adultes violents qui nous font de plus en plus peur.

EM : Mais si je dis cela, je meurs sous les sarcasmes, pardonnez-moi ! Et ce n’est pas une solution !

SF : Vous avez raison, les Français m’adorent, mais pour leurs problèmes intimes. Or une lecture psychanalytique de ce qui vous arrive en France me paraît plus riche qu’un bulletin de santé économique… que tout le monde connaît, d’ailleurs. Il faut que, vous, vous acceptiez d’être le père, sans le dire. D’ailleurs, vous avec déjà parlé de Jeanne d’Arc et de Gaulle ! Il faut désormais que vous parliez de force économique, autrement dit de profit et de prise de risque, autrement dit d’Eros (vous trouverez un autre nom) face à la crise et à la mort… Je n’insiste pas. Sans grandiloquence et sans inquiéter, il faut que vous soyez le guide qui sait et surtout qui est sûr. Vous avez l’avantage d’être à la fois jeune et mûr, d’offrir aussi cette étrange combinaison entre réflexion et action. Et n’avoir jamais été élu vous confère une sorte de pureté…

EM : N’exagérons pas.

SF : Bien sûr, mais n’oubliez pas que les Français ne veulent pas un comptable, un moralisateur, une incendiaire ou un beau parleur (pas de noms). Ils veulent un beau père, si vous me permettez, qui leur permette de franchir étapes et générations, de les débloquer, de les sortir de leur névrose. Les grands magasins ouvrent le dimanche et les cars circulent : la pulsion de vie gagne. Les discussions doivent se mener dans les entreprises, entre adultes, non dans cet affrontement de deux peurs qu’on nomme « lutte des classes » !

EM : Je ne peux pas dire cela !

SF : Alors dites-leur : « suivez-moi ! »

EM : En Marche ?

SF : C’est « ça » !