Les feuilles de route secrètes de Fillon et Juppé

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Pressés après leur joute le 24 novembre, Fillon et Juppé perdent chacun une note manuscrite. Les voici.

 Les feuilles de route secrètes de Fillon et Juppé

 

François Fillon : 9 points pour gagner

1 – merci les médias ! J’ai joué le troisième homme. Aujourd’hui, s’il n’y a pas de surprise, il n’y a rien. Pas d’enjeu, pas de jeu. J’ai donc opéré la remontée de loin, comme en Formule 1. Ils se regardaient tellement, Sarko et Juppé, qu’ils ne m’ont pas vu.

2 – incarner le néo-gaullisme : l’élection ne se jouera pas au centre ou à droite, mais par génération, avec l’alliance de seniors qui veulent plus d’autorité et de jeunes qui veulent plus de liberté.

3 – contrer Juppé ? En allant plein gaz, pas au centre. Lui aussi est gaulliste, donc ne pas trop en parler. Opposer « identité heureuse », son slogan qui l’a tué, à « identité forte », mon slogan intime. C’est en décoinçant qu’on fait repartir l’économie ! Mais il faut que je réduise l’hécatombe de fonctionnaires que j’annonce.

4 – Bayrou : il faut absolument que je lui fasse une proposition. Autrement, il se présente et fait encore passer le PS.

5 – Macron : lui, pas de place.

6 – moi contre « l’homme au scooter » : mes amis vont faire circuler les photos, plus ses phrases assassines contre ses amis. Son programme, c’est la continuité : autant de fonctionnaires, mieux payés si possible, plus une réduction infinitésimale du déficit, grâce à la reprise des autres.

7 – moi contre Valls, néo-gaullisme contre néo-rocardisme. Le départ de Sarko prouve qu’on ne veut pas de revenant, et moi qu’il n’y a pas de « stigmate du Premier ministre » ! Tous les deux on veut : réduction du déficit, autorité de l’état, moralité des fonctionnaires, compétitivité des entreprises, dialogue social… Il va exaspérer la gauche et l’extrême gauche, et moi je dirai qu’il en faut bien plus !

8 – l’extrême-droite, l’ennemi frontal. Mais il lui est difficile de se rapprocher du Brexit qui patine et de Trump qui baisse l’impôt des plus riches. En plus, Marine vire étatiste ! Il faut que je propose un deal à Juppé pour la contrer, après.

9 – Attention aux médias-bobos : me voilà ultralibéral, catholique, thatchérien, pas européen et Poutinien ! Ils veulent Valls !

Du char de de Gaulle à ma Formule 1, les Français veulent toujours quelqu’un qui sache conduire.

 

Alain Juppé : 9 points pour gagner

1 – merci les médias ! Vous m’avez bien eu. Dire « voter Fillon » pour éliminer Sarko aux électeurs de droite et à ceux de gauche venus se mélanger à eux : chapeau !

2 – incarner le gaullisme girondin : l’élection se jouera à droite et aux centres, centres droit et gauche réunis, avec l’alliance de ceux qui veulent plus d’autorité, de liberté, de respect, de local et d’Europe, mais sans excès et sans tensions sociales majeures.

3 – contrer Fillon ? Il faut que je me calme. Lui aussi est gaulliste, donc ne pas trop en parler. Valoriser « identité heureuse », mais mon slogan est à rendre moins bisounours. Le sien, c’est en fait « identité forte », que je dois rendre plus inquiétant, tout en restant Bordelais.

4 – Bayrou : il faut qu’il accroisse la pression contre Fillon. Les électeurs doivent se dire : «autrement il se présente et fait encore passer le PS ».

5 – Macron : lui, pas de place.

6 – moi contre « l’homme au scooter » : mes amis vont faire circuler les photos, plus ses phrases assassines contre ses amis. Son programme, c’est la continuité : autant de fonctionnaires, mieux payés si possible, plus une réduction infinitésimale du déficit, grâce à la reprise des autres.

7 – moi contre Montebourg, gaullisme girondin contre nationalisme productif. Je vais attaquer cette étrange alliance entre une politique industrialiste, qui veut plus de compétitivité et ses soutiens politiques et syndicalistes, qui veulent maintenir leurs « avantages acquis ». Ce sera « beaucoup de paroles économico-sociales », avec des déceptions partout, pas de croissance et plus de déficit. Il ne sait pas grand chose, ne travaille pas et empile les formules : « protectionnisme intelligent », « libéralisme social ». Pire qu’Hollande !

8 – l’extrême-droite, l’ennemi frontal. Mais il lui est difficile de se rapprocher du Brexit et plus encore de Trump qui baisse l’impôt des plus riches. Il faut que je propose un deal à Fillon pour la contrer, après.

9 – Attention aux médias-bobos : me voilà vieux, rad-soc, province, trop européen ! Ils veulent Montebourg !

Du char de de Gaulle à moi, les Français veulent toujours quelqu’un qui les conduise vers la paix.