Les stigmates de la crise en cours

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 Les stigmates de la crise en cours

Rien de pire qu’une crise économique qui est, en même temps, bancaire, financière et mondiale pour les pays industrialisés. Nous sommes assez bien placés pour le savoir. Nous avons bien compris qu’il faudra du temps pour sortir de la récession, avec des mesures monétaires exceptionnelles dont nous ne mesurons pas vraiment les effets. Nous nous disons que nous allons en garder longtemps les stigmates, surtout si nous ne réformons pas. On nous le répète tout le temps.

Ce que nous ne savons pas, c’est que nous avons décroché de notre pente antérieure de croissance et qu’il nous faudra donc des efforts nouveaux pour retrouver la tendance antérieure. La crise, dit autrement, a réduit notre niveau de croissance potentielle.

Ceci veut dire qu’elle implique, pour nous sortir d’affaire, des efforts qui sont régulièrement minorés, les fameuses « réformes structurelles ». Le graphique ci-dessus est explicite : avec ce type de crise, il faut en moyenne plus de deux ans et demi pour retrouver le niveau d’activité d’avant crise, contre un an pour une crise « normale » et la perte d’activité potentielle est de l’ordre d’un demi-point de PIB plus de trois ans après.

Pour la France, il a fallu 6 ans pour retrouver le PIB d’avant crise, et nous ne remontons pas la pente ! Si on lit bien, on verra que la zone euro a devant elle une tâche particulièrement ardue. Elle doit se réformer, c’est normal, réduire ses écarts internes et se spécialiser, c’est plus difficile, se désendetter dans le privé et dans le public à la fois, alors que les Etats-Unis l’ont fait dans le privé puis dans le public, sachant que la BCE aide bien moins que la Fed, dans une structure où il a fallu réparer les banques pour repartir, alors que les Etats-Unis reposent sur les marchés.

Se réformer plus et payer plus longtemps la facture de nos excès : c’est ce qui nous attend. Surtout si nous n’allons pas plus vite en besogne d’intégration, d’efficacité économique et de modernisation privée et publique.