Primaires : François Hollande appelle Donald Trump

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François Hollande : Allo, François Hollande à l’appareil. Nous ne nous connaissons pas, cher Donald (si vous me permettez), bientôt peut-être.

Donald Trump : Sure. A quoi puis-je vous être utile, pour autant que je puisse l’être à un socialiste français !

FH : Pas d’ironie : mon souci, ce sont les primaires en France. Cette idée qui vient de chez vous s’impose ici. Et m’obsède. Les deux primaires où Barack Obama avait gagné (sorry!) avaient impressionné au Parti Socialiste, notamment Ségolène (une ancienne compagne).

DT : Why?

FH : Because, nous avions aimé cette façon de parler politique auprès d’électorats plus vastes et populaires que d’habitude. Elle faisait sortir de ce drame d’un Président élu avec un tiers des votants qui affaiblissait la démocratie et empêchait les réformes. Nous vous avons copiés… Mais aujourd’hui, j’ai peur de ce qui se passe chez vous.

DT : Peur ? Mais je vais gagner ! Oui, les primaires sont dangereuses, mais seulement si vous n’avez pas compris qu’elles ont changé. Aux Etats-Unis, deux partis s’opposent, toujours. Nous nous battons dans chaque camp, puis entre Républicains et Démocrates, pour connaître le vainqueur.

FH : Ça je sais, mais qu’est-ce qui a changé ?

DT : Deux choses : le nombre de candidats à la primaire et la crise économique. Les deux sont liés. Plus c’est compliqué, plus de gens ont « des idées » pour s’en sortir ! Mais on ne peut faire de politique qu’entre trois et cinq de chaque côté, au-delà c’est inaudible. Et encore, quand c’est simple, et ça ne l’est pas ! Côté Démocrates, ils étaient trois au début et Hillary vient à peine de gagner, très usée par Bernie. Une bénédiction, ce Sanders ! Chez les Républicains, nous étions 17 au début. Impossible de discuter. D’ailleurs, je ne voulais pas, avec la situation économique si difficile que nous vivons, face à mon électorat de blancs, âgés et inquiets. Donc, je n’ai pas fait de politique.

FH : Vous avez fait quoi alors ?

DT : De la téléréalité ! Les autres débattaient, analysaient, proposaient… Moi, je les insultais, avec un diminutif pour chacun. Ce n’était pas pour rire : les primaires avec trop de candidats font sortir de la politique et entrer dans The Apprentice. Vous savez, l’émission que j’ai créée et qui m’a fait connaître. J’y faisais passer des entretiens d’embauche : embauché ou viré, fired. Là, je suis le plus fort ! Je les ai tous virés, mes opposants !

FH : Message reçu ! J’adapte. Ici en France, la droite classique, celle qui s’appelle Les Républicains (une idée de Nicolas Sarkozy), aura plus de 10 candidats. Leurs programmes seront inaudibles, ça commence. Donc c’est chez eux qu’il y aura des combats de coq. Mais pas beaucoup de coqs chez eux, sauf Nicolas Sarkozy et Alain Juppé (mais moins). Et chez les Socialistes, nous serons très, très peu nombreux. Moi, je parlerai en fin d’année, quand ils auront déjà tous abattu leurs cartes. Je leur dirai que j’ai fait des erreurs au début et je parlerai de l’héritage de la droite. Mais « ça va mieux » – même si tout le monde n’en est pas conscient. En plus, j’ai supprimé l’impôt sur les bas revenus et augmenté les fonctionnaires : pour eux, ça va vraiment mieux. Les autres candidats socialistes ne feront que parler, s’il y en a ! Alors, je montrerai ce que proposent mes opposants de droite : moins de dépenses publiques et moins de fonctionnaires. Du libéralisme fou, même s’ils se rendent compte de leur erreur et font machine arrière ! Trop tard : j’annoncerai la super grève générale s’ils l’emportent, rien à voir avec les troubles actuels. Et je gagne !

DT : Trop compliqué pour moi. Aux Etats-Unis, plus c’est simple, mieux c’est. Dans vos pays socialistes, tout est tordu, rien n’avance. Mais vous avez une dame chez vous, qui est directe et puissante.

FH : Marine Le Pen ? C’est le risque, si je rate les primaires…

DT : Avec cette crise et ces nouvelles primaires, gagne celui « qui en a ». See what I mean? Vous avez vu le coup du mur avec le Mexique ! Avec la Chine et Poutine, ça va être dur – je sais, eux aussi. En zone euro, vous vous réunissez à trente ! Pour gagner, il faut insulter et bousculer, puis « présidentialiser », mais après avoir été vu comme le plus fort. C’est là où j’en suis, avec des discours lus sur prompteur !

FH : Présidentialiser sans bousculer ! C’est moi et Juppé : on veut changer la France, avec un Etat fort et doux à la fois. Nicolas, lui, braquera.

DT : Bullshit : vous bousculez ou… c’est la dame !