Quand la liquidité américaine se retire, on voit mieux les dessous....

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Les Etats-Unis vont mieux et « normalisent » leurs taux d’intérêt. Les taux d’intérêt sont partout à la hausse, notamment à moyen et à long terme, le dollar monte. Dit autrement, les flux financiers qui irriguaient les émergents reviennent vers les Etats-Unis, où ils seront moins inquiets et mieux traités. Les émergents se trouvent alors bien surpris, et certains dénudés, avec des questions qui reviennent à la surface – pour les « moyens » d’entre eux, en attendant les plus « grands ».

 Quand la liquidité américaine se retire, on voit mieux les dessous....

TAU : les non BRICS d’abord

Turquie : certes il y a des tensions politiques dans ce pays et des interrogations sur sa démarche, mais on voit aussi à quel point ses grandes entreprises sont tributaires de financements à court terme qui viennent de l’extérieur. Il n’en faut pas plus pour que ces fonds refluent, que le change s’effondre et que la banque centrale intervienne en montant ses taux d’intérêt de 4,5 % à 10 % d’un coup – sans pour autant calmer le jeu.

Argentine : certes on savait depuis des lustres que l’inflation réelle n’était pas l’inflation affichée, non plus que la croissance ou le déficit public. Mais la nervosité qui monte dans le monde emporte l’édifice : la devise plonge, dans l’espoir de calmer les inquiétudes et de réduire l’attrait du dollar. Peine perdue.

Ukraine : certes on savait que ce pays était financière et politiquement très fragile. Les dernières décisions de « rapprochement » avec la Russie, et donc d’éloignement avec l’Europe, ont mis le feu aux poudres dans tout le pays. Nul ne sait ce qui se passe, sauf que la monnaie s’effondre et que tout dépend, pour ses fins de mois, de prêts promis par la Russie, mais promis sous conditions… et donc pas arrivés.

Les BRISC ensuite !

Brésil : la monnaie baisse dans ce pays qui s’est plaint, le premier, de la « guerre des monnaies » et du jeu de la politique monétaire américaine. Un jeu jugé égoïste, mais sa croissance fléchit, la devise faiblit et les taux montent.

Russie : le rouble est au plus bas, la croissance aussi, l’isolement politique croissant.

Inde : moins de croissance, plus d’inflation, des inquiétudes partout, une devise qui baisse et des taux qui montent, là aussi.

Afrique du Sud : peu de croissance, des tensions sociales fortes, avec des grèves dans les mines, et une devise qui a perdu 20 % de sa valeur par rapport au dollar en un an.

Chine : c’est là le plus grave. Il y a, depuis des lustres, des interrogations sur la croissance chinoise, sur ses données macroéconomiques et sur la situation de son système bancaire et financier. On voit ses crédits monter – trop, avec des tensions sur les crédits entre banques. On nous explique alors que c’est temporaire. Puis on voit monter les crédits dans le cadre du shadow banking. Pas mieux : s’agit-il de soutenir des villes, des opérations de construction… de cacher des pertes ?

Comment en sortir ?

On peut toujours demander aux Etats-Unis de modérer leur rythme de normalisation. Ils ont répondu qu’ils le feraient, en fonction de leur propre situation. Nous voilà donc prévenus : si c’est vraiment grave ailleurs, alors les Etats-Unis seront plus prudents pour eux. En zone euro, ceci veut dire des marchés extérieurs moins porteurs, des taux qui montent partout, donc la nécessité de serrer les boulons et de serrer les rangs.

Et pour la France ?

Les débats sur les charges et les marges font rage ! Ils cachent les questions d’efficacité, de compétitivité privée et publique et d’acceptation des réformes. Avançons, autrement, nous aussi, on devra se rhabiller !