Quelle bonne année : 1789, 1969, 1929 ?

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2019 : c’est le choix de l’embarras. A priori, l’avenir est gris foncé partout, avec du jaune venant de France. Nous assistons au combat entre États-Unis et Chine, pour faire baisser les taxes à l’importation en Chine et y surveiller les droits américains de propriété, faire circuler les bateaux US en mer de Chine, mais bloquer les « routes de la soie » chinoises en Afrique. Derrière ces poids lourds, il y a les tensions autour de la Russie, de l’Iran, d’Israël, de l’Arabie saoudite, de la Turquie... Partout les ramifications des chocs se font ressentir, ravivant d’antiques blessures. Le Brexit fait renaître des inquiétudes en Irlande, des demandes d’autonomie en Ecosse et des revendications espagnoles sur Gibraltar. Aujourd’hui, difficile de trouver un pays ou une région paisible !

 Quelle bonne année : 1789, 1969, 1929 ?

1789 vient à l’esprit avec les « gilets jaunes », complément au sans culotte en bonnet phrygien. Il faut que les riches payent et oublier la dette publique. Qu’importe si le monde est dangereux et que nous y sommes petits, alors qu’il nous faut financer notre administration, notre police et notre armée. Oublions et faisons revenir l’ISF : c’est sans danger. En 2012, sur les 290 085 Français qui l’ont payé, seuls 587 sont partis avant, 525 en 2011 et 551 en 2010, selon le rapport du député (PS) Yann Galut de 2014. L’ISF moyen de 568 des 587 partis en 2012 était alors de 70 000 euros, contre 15 500 euros pour les personnes redevables, soit 4,5 fois plus. Selon ce rapport, « l’évolution d’une année sur l’autre n’est pas statistiquement significative » (humour ?). En 2013, « Solidaires finances publiques » note que la France « demeure un territoire attractif », étant « le troisième pays au monde en termes de nombre de millionnaires ». Mais, en 2018, la France est seulement sixième. La source est Crédit Suisse, octobre 2018. L’étude nous dit que plus de 2 147 000 Français sont millionnaires en dollars (en incluant la valeur de leur logement), soit à peine moins que les 2 183 000 millionnaires allemands. Mais il faut supposer que ceci est sérieux, car le Brésil n’aurait ainsi « que » 154 000 millionnaires, pour 44 milliardaires, contre 39 pour la France (Source Forbes) ! Bref, il reste encore des millionnaires en France : tous ne sont pas allés au Brésil ! Dansons la Carmagnole !

1969 : c’est le lendemain de fête, après un hausse de 35 % du SMIG (G pour garanti) et de 55 % du SMAG (A pour agricole) qui se rejoignent et donnent naissance au SMIC. Mais c’est surtout la série des ajustements de parité : dévaluation de 11,1 % le 9 août 1969 (avec Georges Pompidou et Jacques Chaban-Delmas) tandis que le Mark allemand est assez aimable pour se réévaluer de 9,3 % le 24 octobre. Le Franc a perdu 20 %, et ceci ne suffira pas… pour faire repartir l’économie. Vient alors le programme de « relance par la consommation » de François Mitterrand, remake de 68. Il mène à trois dévaluations : 4 octobre 1981 pour 3 %, 12 juin 1982 pour 5,75 %, avec plan de rigueur assorti, et 21 mars 1983 une réévaluation de 4,25 % du Mark. Moralité : quand on augmente les salaires minimaux, il faut dévaluer et/ou faire des gains de compétitivité. Avec l’euro, dévaluer le Franc étant impossible, il faut demander à Mario Draghi de ne pas monter ses taux, pour que le dollar monte, remercier l’Espagne de faire passer son SMIC de 858 à 1050 euros, et surtout prier Angela de monter le sien. A 1498 euros, il est au niveau français, avant les 100 euros ! Demandons l’impossible !

1929 : bien sûr. Le 18 mars 1929, à l’Economic Club de New York, William Harding, ancien Président de la Fed, avertit du risque de spéculation sur les marchés. Il se voit rétorquer que les banques sont « si bien gérées… qu’elles ne devaient pas être exposées à des avertissements publics ». Il fallut attendre le 29 octobre 1929. On a donc oublié la crise née en juillet 2007, dont on peine à sortir, avec plus de dette maintenant qu’il y dix ans ! Et pourtant, nous entendons les mêmes cris de Cassandre face aux assurances des régulateurs et contrôleurs sur la solidité des systèmes financiers. Et nous voyons la peur des marchés. Mais le Président des États-Unis pousse chez lui la croissance, réduit les régulations bancaires, augmente son déficit et agonise le Président de la banque centrale qui monte les taux (le traitre !) : il veut faire beaucoup ralentir la Chine, sachant qu’elle est très endettée. Ça c’est nouveau !

2019 : l’histoire n’apprend donc rien. Bonne année pour l’écrire !