Comment réformer dans une France qui ralentit ?

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C’est évidemment plus compliqué, sachant que les réformes freinent toujours la croissance à court terme, avec leur cortège de questions et tensions. C’est ce qui se passe aujourd’hui en France.

 

L’Insee est en effet très clair dans sa note de conjoncture : « dans tous les secteurs, les enquêtes de conjoncture signalent qu’un niveau élevé d’optimisme a été atteint en fin d’année 2017. Début 2018, certains indicateurs de climat ont cessé de progresser, notamment dans l’industrie et le commerce de détail, d’autres se sont repliés, dans les services, le bâtiment et le commerce de gros… Le climat des affaires en France, à 109 en février 2018, a ainsi perdu 3 points depuis décembre dernier. »

Le moral est moins là, « tout en restant dans tous les cas nettement supérieur à la moyenne de longue période ». Et l’indice Markit de mars en rajoute : l’indice PMI flash composite, qui combine des éléments des services et du secteur manufacturier, s’est ainsi établi à 56,2, contre 57,3 en février.

Ce qui importe, c’est le retournement : l’économie avance moins vite, certains pensent qu’elle baisse, en tout cas tout le monde s’interroge. C’est le problème.

Les raisons sont en partie extérieures et politiques : bruits de botte, Etats-Unis, tensions avec la Chine et la Russie, migrants, problèmes européens, élections en Italie, Brexit…

Mais elles sont surtout internes : tout se passe dans l’évolution perçue du revenu des ménages. Au premier trimestre, les revenus d’activité augmentent en effet de 0,9% contre 0,6% en fin d’année, soutenus par la baisse des cotisations sociales (-8,5%) et alourdis (+9,6%) par la CSG des retraités. Il en résulte un ralentissement du revenu nominal de 0,2%, face à une accélération de l’inflation (0,7% avec le tabac et l’alcool), donc une baisse du pouvoir d’achat du revenu disponible brut de -04% au premier trimestre. C’est ceci qui pèse, même si un rebond est attendu au deuxième trimestre : + 0,9%.

Ce qui est perdu compte plus que ce qui sera gagné demain. Un tien vaut mieux que deux tu l’auras. Il faut le savoir quand on réforme : mettre l’accent sur des gains rapides, à côté des pertes. Bien éclairer le chemin.